en chemin... [provisoirement clos...]

Leur combat terminé, ayant retrouvé un semblant d'énergie, les deux membres de la Guilde Al Mertem continuèrent leur route. Reine marchait en tête. Elle n'aimait pas avoir le sentiment de suivre qui que ce soit. Son valet était blessé au niveau de la jambe et bien que sa fierté et sa bravoure ne laissa rien paraitre, elle restait néanmoins attentive à son allure. Elle ne voulait pas aller trop lentement: ils n'avaient pas le temps et elle n'avait pas l'intention de faire croire qu'elle voulait le ménager. Mais elle n'allait pas trop vite non plus. Il était inutile de se fatiguer davantage et ils devaient garder assez de force pour faire face à tout danger, quel qu'il soit.

Marchait dans la montagne n'était pas une activité de tout repos. Reine, en tant que fée des eaux, était bien plus habitué à la mer, à la nage, qu'à la marche sur terrain escarpé. Elle avait décider, pas vraiment consciemment, de suivre le ruisseau qui serpentait à travers les roches et les arbres. La présence de l'eau la rassuré alors qu'elle se sentait plus vulnérable, du fait de la fatigue. L'obscurité tombait. Les ombres s'allongeaient. Et marcher devenait de plus en plus dur. Il fallait suivre le chemin le plus sure, et ceux, sans perdre le ruisseau de vue, ou au moins, de l'oreille.

Dans le noir, ce n'était que son ouïe et sa Magie qui aidait Reine à suivre sa route. C'était toujours auprès des ruisseaux que les gens s'installaient. Si village il y avait, on le trouverait plus facilement en suivant le courant. Mais la fatigue alourdissait ses pas. Son crâne lui faisait de nouveau mal. Il devait urgent de trouver un abris.

(dsl, c'st cours, mais je dois quitter ^^")

Marcher n'était pas chose facile pour Lunis, mais retrouver un environnement familier lui donnait la force de continuer. Il savait qu'au dessus de lui, la roche le protègeait, mais il s'était tellement habitué au grand ciel bleu, qu'il se sentait maintenant un peu opressé, moins libre. D'autant plus que marcher dans le corps de cette montagne lui donnait le sentiment de se rapprocher de son village, il redoutait de le voir repparaitre dans l'obscurité. C'était tout à fait stupide d'y penser.

Il suivait sa maitresse silencieusement, remontant le cours d'un ruisseau creusant la roche. Un autre exemple des grandes capacités de cet élément, en plus de la douleur que Lunis ressentait à chaque pas, douleur qu'il devait à cette eau, manipulée par la magie de Reine.
Cependant, Lunis n'était pas le seul à avoir du mal à avancer, sa maitresse aussi avait perdu beaucoup de forces dans leur précédent combat, et ce manque d'énergie se remarquait chez les deux individus. Soudain, Lunis s'arrêta.

"Attendez."

Il se dirigea lentement vers une paroi rocheuse sur laquelle il avait vut, incrusté, un amas de champignon et de lichen. Il s'approcha en examinant attentivement sous tous les angles les champignons.

"Je crois avoir trouvé de quoi appaiser nos douleurs..."

Il dressa lentement la main la rapprochant des champignons. Mais au dernier moment plongea avec vitesse celle-ci dans le tas de lichen. Il ressorti avec un léger sourir son poing fermé. Il avait attrapé ce qu'il désirait trouver ici, près de ce genre de champignons. Ces champignons n'étaient bons que pour la cuisine, en revanche...

"En manger permet de calmer les douleurs et permet aux plaies de cicatriser plus vite."

Il tendit son poing fermé et l'ouvrit légèrement. Il y avait dans sa paume plusieurs insectes avec chacun un abdomen gonflé d'un jus luisant faiblement. Ce n'était pas du tout tentant, mais on lui avait appris très tôt à ne pas faire de manière, et avaler tout ce qui pouvait lui servir pour survivre.

Il s'adossa à la roche, pris un des insectes, arracha avec ses dents son abdomen et jetta le reste du corps plus loin. C'était caoutchouteux, avec quelques morceaux de carapaces, et franchement dégoutant. Il avala le remède improvisé en fronçant les sourcils, puis en proposa à Reine.

Alors qu'ils avançaient et qu'elle était plongée dans ses pensées, pensées seulement occupé d'ailleurs par le désir de trouver au plus vite un abris, et de rester proche de l'eau, Lunis s'arrêta. Elle lui adressa un regard surpris, aussitôt sur ses gardes. Avait-il entendu ou perçu quelques choses d'étranger? Ce n'était pas vraiment une idée réjouissante, bien loin de là. Elle se sentait encore un peu faible, beaucoup trop pour mener un combat quelconque, et Lunis n'allait pas mieux. Dressant l'oreille, scrutant les ténèbres avec appréhension, elle n'esquissa plus le moindre mouvement.

Mais l'elfe noir, lui, ne regardait pas, comme elle aurait pu s'y attendre, autour de lui. Son regard était posé sur la parois rocheuse. Il semblait y guetter quelque chose qui échappait totalement à la fée. Une porte? Un piège? des runes? Prête à toute éventualité, elle fut soulagé lorsqu'il s'expliqua enfin. Quoique ce soit, mieux valait le savoir.

"Je crois avoir trouvé de quoi appaiser nos douleurs..."

Un soulagement sans nom lui réchauffa le coeur. Sa main lâcha le pommeau de son arme, lui faisant par là même prendre conscience qu'elle s'était tenue prête à dégainer. Une chance qu'aucune chauve souris ne soit passé par là...

Elle leva les yeux vers le ciel, encre noire et laissa échapper un long et profond soupire. Malgré sa position de faiblesse, il n'était guère prudent de se montrer aussi nerveuse. C'était risquer de céder à la panique. Et pour quelques plantes de soin, c'était ridicule.

Lunis avait lever la main, avec lenteur. Sa façon de se comporter, comme à l'affut, était des plus surprenante. Les plantes ne fuiaient pas. A moins que quelques bêtes cachés ne se tiennent prète à défendre leur territoire. Pour être honnête, Reine avait autant de connaissance dans la faune et flore des montagnes et souterrains qu'en couture. Elle laissait donc sans regret le soin à son valet de s'en charger. Il y a des fois où on est moins bien servit par sois-même.

Soudain, sa main plongea vers la parois. Elle se releva vivement. L'elfe noir tenait quelques choses, mais l'obscurité empêchait Reine de voir quoi.

"En manger permet de calmer les douleurs et permet aux plaies de cicatriser plus vite."

Si le coeur de la fée n'était pas tant emplit de fierté, elle aurait laissé paraitre sur son visage un véritable sourire de joie. C'était sans doute une chance d'avoir trouver de tels choses ici. Pour elle en tout cas.

L'elfe noir s'adossa à la parois et arracha quelques choses avec ses dents avant de manger le reste. A sa tête, il y avait sans aucun doute meilleur repas, mais la fée n'en fit pas cas. Elle s'approcha et prit ce qu'il lui tendait. Ca bougeait dans sa main. Elle baissa les yeux et du retenir une grimace de dégoux face à l'hideux insecte qui se débattait dans sa paume. Finalement, elle imita son valet, arracha le corps et avala l'abdomen.

Alors que le goût amer restait collé à sa gorge, elle adressa un sourire de dégoux à Lunis.

J'espère que ça vaut le coup, ton remède.

Reine non plus ne semblait pas apprécier ce remède improvisé. En même temps, un remède n'était pas fait pour être bon mais efficace. Et celui-ci était en principe efficace assez rapidement, surtout si les insectes étaient gros comme ceux-ci.

J'espère que ça vaut le coup, ton remède.

Lunis releva la tête avec un petit sourire.

"En fait... je voulais juste voir si vous étiez capable de manger n'importe quoi."

Dit-il après un moment tout en se relevant pour reprendre la route. Avant même que Reine ne put répondre, il éclata d'un rire grave et franc. Un humour pouvant paraître agaçant. Il pensait d'ailleurs que sa maitresse avait compris qu'il plaisantait, même si le seul indice était son rire.

Une fois son rire calmé, le drow s'arrêta et observa silencieusement la roche et l'obscurité qui prenait place au fur et à mesure qu'il progressait plus loin dans la montagne. Son sourire s'effaça assez vite. Ce genre de plaisanterie ne lui aurait valu que les représailles et le mépris des siens. Stupides et étroits d'esprit. Il le pensait tout autant à l'époque, mais se sentait pourtant de suivre leurs enseignements. A vrai dire, ils étaient la seule famille de Lunis. Mais depuis que la surface s'était ouverte à ses yeux... il ne faisait plus que de les haïr. Tous autant qu'ils étaient méritaient de mourir, pendus par leurs propres tripes.

Lunis leva les yeux, chassant ces idées macabres de son esprit. De telles pensées étaient digne de ce qu'on lui avait appris, et son mépris en devenait paradoxal. Mais sa soif de les voir souffrir ne s'éteignait pas avec le temps. Au contraire.

"Je me suis posé la question à plusieurs reprises déja..."

L'elfe noir se retourna pour faire face à Reine.

"Vous avez un but dans votre vie?"

Lui même était conscient que son envie de "vengeance" pas tellement justifié n'était pas un objectif valable pour toute une vie. Si un jour il achevait cette tâche, ce qui semblait bien impossible, il n'aurait alors plus aucun avenir, sa vie n'ayant plus aucun sens.
Pour l'instant, sa vie n'avait aucun sens à ses yeux, et de toutes façon, la vie en général n'avait aucun sens.

"En fait... je voulais juste voir si vous étiez capable de manger n'importe quoi."

Reine le regarda un instant, stupéfaite, avant de rire à son tour. Elle aurait pu se braquer, le prendre mal, mais savait qu'il ne s'agissait que d'humour. Et elle était bien décider à le prendre de la sorte. Il ne servait à rien de se montrer trop susceptible, et elle aimait la franchise du drow. Il ne cherchait pas à être diplomate, et semblait à mille lieux de penser au conséquence de ses paroles si elles étaient mal prises. Comme elle dans ses moments de bonne humeur.

Ils avaient reprit leur route, se calmant progressivement. Etait-ce d'avoir rit, ou l'effet des insecte? Reine se sentait moins fatigué, plus encline à marcher qu'elle ne l'avait été jusque là. L'obscurité se faisait de plus en plus épaisse, et la fée n'y voyait plus grand chose. Par moment juste, l'éclat pâle de la lune se frayait un chemin jusqu'à elle. Elle apercevait alors les parois, les roches. Mais, la plupart du temps, elle ne faisait que les deviner.

"Je me suis posé la question à plusieurs reprises déja..."

Elle sentit plus qu'elle ne vit le mouvement qu'il fit pour lui faire face, et attendit la suite en silence. Depuis le premier temps de leur rencontre, ils n'avaient cesser de s'interroger par petites brides. Il y avait un aspect mystérieux, un coté joueur, au moins aux yeux de Reine. C'était comme une partie de cache-cache ou un jeu de devinettes où il fallait sans cesse en découvrir plus sur l'autre, en sachant que chaque question nous obligerait à nous dévoiler.

"Vous avez un but dans votre vie?"

Reine grimaça. C'était une excellente question, qu'elle essayait au maximum d'oublier. Elle avait bien sur un "but". Elle était née pour une bonne raison, précise. Servir sa mère et ses projets. Tuer. Pourtant, le seul fait qu'elle soit là, à errer dans la montagne au lieux de se battre contre son "adversaire déclaré", l'éloigner de ce but qui lui répugnait. Non pas qu'elle eut le moindre regret à l'idée de devoir tuer. Mais elle voulait être libre, ne pas agir selon les volontés maternelles. Elle avait donc deux buts. L'officiel et l'officieux. Le contraint et le choisis. C'est ce second qu'elle décida de mettre en avant.

Fuir mon but.

Elle lui sourit, sans savoir s'il pourrait le voir dans les ténèbres.

Et toi?

Fuir mon but.

Une réponse bien étrange, qui le plongeait intérieurement dans l'obscurité. Ses yeux en revanche se réhabituaient au peu de lumière perceptible dans ces lieux, le changement était tout aussi étrange que son premier passage vers la surface. Il avait été complètement aveuglé par le premier rayon de soleil ayant percé à travers la pénombre faiblement éclairée par quelques ouvertures (lointaines et minuscules) et quelques plantes luminescentes.
Fuir son but... cela lui semblait assez stupide en réalité. Sa maitresse ne devait pas associer exactement les même mots autour du "but". Elle fuyait quelque chose qu'elle refusait d'accomplir, ou admettre. Mais quoi? Il restait toujours cette part de mystère, et ce jeu de découverte de l'autre à tâton, cette situation tellement étrange, qu'il n'avait qu'avec Reine.

Et toi?

C'était le jeu, il devait s'y attendre. Mais après cette réponse, il avait le droit de rester flou. Ou bien de justement lancer un bond en avant pour en exiger de même en retour. Mais là, Reine ne serai pas non plus obligée de répondre à cette avancée. On aurait pu dire que chacun tournait autour d'un grand cercle, se rapprochant de temps en temps. Oui tous les deux sur un même cercle, cela était déja beaucoup, c'était la première fois que Lunis "partageait un même cercle"

"Je n'ai aucun but."

Le drow baissa la tête pour regarder son arme... et sa main noire.

"Mais je pense de plus en plus à un retour chez moi."

Il s'arrêta un petit moment. Il avait aussi peur, même s'il refusait de le croire, de retourner chez les siens. Il serai tué sur le champ peut-être. Faire face à son père et aux autres serait une épreuve insurmontable pour lui. Il se sentait peut-être coupable? Mais la culpabilité était pour les faibles. Mais ceci lui avait été enseigné par ceux dont il souhaitait les souffrances. Tant de questions...

"Quoiqu'en fait, je ne sais toujours pas ce que j'y ferai. En fait non je n'ai vraiment aucun but."

"Je n'ai aucun but."

Reine le regarda un moment, ou plutôt, regarda en direction de la forme sombre qui se détachait des ténèbres. Elle voyait de moins en moins et bientôt il ne lui resterait que l'ouie pour savoir où son compagnon était.

La réponse était vague, autant que la sienne. Comment pouvait-on n'avoir aucun but? Par quelle magie sublime pouvait-on être libre, vraiment libre, physiquement, moralement, entièrement? Naitre sans raison, sans but? Dès la naissance? Où bien réussir à l'accomplir très tôt et pouvoir savourer une liberté bien mérité? Ou le fuir tant et si bien qu'il disparaissait, que disparaissait même le fait de fuir, ne laissant que la liberté, formidable, grisante, vertigineuse? Elle aurait aimé lui poser toutes ses questions, sentir la joie de savoir que c'était possible. Simplement possible. Pas forcément pour elle, non. Mais possible au moins pour un être vivant. Juste un.

Il repris.

"Mais je pense de plus en plus à un retour chez moi."

Reine ne répondit pas, gardant un silence consterné. Du peu qu'elle en savait son "chez moi" n'était pas un lieu où l'on pouvait souhaiter revenir. Pour sa part en tout cas elle aurait plutôt tout fait pour ne jamais avoir à y remettre le pied. Comment, lorsqu'on était libre de tout but, libre de tous les avoir donc, car n'en avoir aucun c'était les avoir tous, avoir le choix totale, bref, la liberté, comment alors pouvait-on souhaiter s'aliéner de nouveau, laisser à d'autres, une culture, un famille, un peuple, des lois, ce choix formidable qu'on avait en soi?

Avait-on à se point besoin d'un chez soi? Elle songea à Meandör, première cité elle s'était sentit bien. Il lui arrivait de regretter son port, ses ruelles mal famé, cette petite et misérable auberge qui l'avait abrité. Une nostalgie la prenait parfois lorsqu'elle y repensait. Il avait fallu fuir. Il fallait toujours fuir. Serait-elle prête pourtant, malgré tout, à perdre sa liberté pour pouvoir y retourner? A tout abandonner dans l'espoir faible d'y vivre, d'y trouver un chez soi? Non. Sans doute pas.

Il y avait aussi la Guilde. Et ces différents membres. Elle ne les connaissait pas tous. Elle n'en avait aucune envie. Elle n'était pas avec eux. Mis à part Lunis et Jaërdhill, elle ne les côtoyait pas. Ce qui n'empêchait pas qu'elle savait qu'ils étaient là. Et qu'elle se sentait profondément faire partie de cette communauté. Même si aucun n'avait vraiment les mêmes but, la même histoire. C'était étrange. Mais c'était son chez elle. D'une certaine façon du moins. Une sorte de famille. Serait-elle prête pourtant à perdre sa liberté pour la garder? S'il fallait s'aliéner pour continuer à faire partie des Al Mertem, le ferait-elle? Non. Sans doute pas.

"Quoiqu'en fait, je ne sais toujours pas ce que j'y ferai. En fait non je n'ai vraiment aucun but."

En un mot, tu hésites. C'est tout à ton honneur.

Elle lui sourit, sans savoir s'il pouvait le voir, tout en continuant sa route. Les ténèbres étaient de plus en plus lourd. Elle ne voyait plus vraiment le terrain, pourtant accidenté. Aussi, lorsqu'elle se tordit la cheville pour la troisième fois, elle rabaissa sa fierté en lâchant entre deux jurons

Je crois qu'il faudrait trouver un lieu où se poser. On reprendra la route au matin.

En un mot, tu hésites. C'est tout à ton honneur.

Oui, il hésitait, et il en avait plus qu'assez d'être indécis, d'être totalement perdu, d'avoir l'esprit embrouillé. Cela faisait déja bien longtemps qu'il hésitait, et il se demandait si le jour viendrait ou il aurait prit une décision définitive. Mais il ne pouvait pas s'empêcher de penser à un éventuel retour, pas dans cet endroit. Il refaisait corps avec le monde souterrain, il retrouvait un certain sentiment qui le rassurait ici, ne serait-ce que du fait qu'il y avait une paroi rocheuse de chaque côté, ainsi qu'au dessus delui pour le protéger. C'était assez paradoxal, car après avoir goûté à la surface, il ne pouvait pas totalement effacer l'impression d'enfermement. Une véritable prison aux barreaux d'or.

Je crois qu'il faudrait trouver un lieu où se poser. On reprendra la route au matin.

Lunis avait remarqué que sa maitresse avait bien du mal à progresser dans ce milieu. Elle n'était pas une drow, même pas une elfe après tout, elle ne voyait surement pas aussi bien que lui dans cette pénombre. Et puis elle n'avait peut-être pas l'habitude de marcher sur un sol rocailleux et irrégulier, surtout que sa tenue ne devait pas l'y aider. Cependant, lui même était las de marcher. De son front commençaient à perler quelques gouttes de sueur, il s'efforçait de marcher en dépit de sa jambe endommagée. Il ne tenait pas à afficher la marque de faiblesse laissant sous-entendre que Reine était capable de lui infliger des blessures graves. Peut-être tentait-il de cacher sa douleur en vain, car il ne pouvait s'empêcher de boiter de temps en temps, resserrant les dents fréquemment.

"Comme vous voudrez."

Il jetta un regard aux alentours. Il ignorait que la place serait aussi vaste, si loin au coeur des roches. Une sombre voûte luisante d'humidité dirigeait ses stalactites menaçantes vers les deux voyageurs, les surplombant d'une sacré hauteur. La paroi n'était pas totalement naturelle, cela il pouvait le remarquer. Il ne savait pas si c'était à cause de sa fatigue, mais il croyait pouvoir aperçevoir de temps en temps des pierres façonnées par une quelconque civilisation. Pas des drows. Et un peuple disparu à en croire l'errosion et la mousse verdâtre recouvrant ces vestiges. Son regard fut attiré par une lueure mouvante au loin.

Il tendit le bras, ignorant si les yeux de sa maitresse permettait de voir précisément la direction qu'il pointait. En tout cas, elle pouvait surement aperçevoir le cercle de lumière qui se reflètait dans diverses formes calmes sur la surface d'un point d'eau, plus loin, plus en profondeur.

"Je suggère qu'on aille prendre place non loin de ce... lac."

Il mourrait d'envie de tremper sa jambe brûlante dans l'eau fraiche. Mais il n'en montrait rien. En tout cas il s'efforçait de ne rien montrer. Lunis commençait déja à défaire les sangles de son sac, vulgaire poche de cuir éffritée. Il n'y avait plus grand chose dedans, mais la mince et étroite couverture qu'il possèdait ne serait surement pas de trop : le froid finirait tôt ou tard par gagner les deux individus.

"Comme vous voudrez."

Reine ne répondit pas et s'adossa contre la parois. Celle-ci était moins rugueuse, plus lisse qu'elle ne l'aurait imaginé. Comme si elle avait été sculpté. Mais l'obscurité l'empêchait de discerner quoique ce soit, et sommes toute peu lui importait. Avec quelle joie se serait-elle laissé aller à sa fatigue!
Elle laissa Lunis qui était bien plus habitué qu'elle a de tel lieu trouver un endrois paisible et ferma les yeux. L'épuisement engourdissait ses membres. Elle avait faim, froid, sommeil. Mais elle savait aussi qu'en cas de besoin, il lui faudrait reprendre son chemin sans s'être accordé la pause si tant souhaiter. Elle laissa la Magie couler dans ses veines, prenant un réel plaisir à la sentir disponible. Certes, l'utiliser dans un tel état de faiblesse relèverait du suicide mais elle était là, et c'était la seule chose qui lui importait.

La voix de Lunis lui parut lointaine et elle du faire un effort de volonté pour revenir à la réalité.

...non loin de ce... lac."

Son coeur fit un bond si violent dans sa poitrine qu'elle eut une légère grimmace. Un lac. Non loin. Certes, elle avait veillé à toujours suivre l'eau du ruisseau mais cela faisait longtemps qu'elle ne le voyait plus, et même que la fatigue lui avait rendu son murmure plus éloigné. Mais il y avait un lac. Près d'eux. Un lac où ils pourraient se reposer, dans la sécurité. Pour Reine, l'eau était synonyme de paix.

Cette simple évocation de son élément lui rendu l'énergie nécessaire. Ouvrant les yeux, elle regarda autour d'elle, tentant de percer les mystères des ténèbres. Elle vit la lueur de lumière qui se reflétait faiblement sur une surface liquide. Avec un soupire de joie, elle s'y dirigea sans un mot. Elle savait que Lunis suivrait sans mal. C'était plus elle qui avaitd es difficulté à avancé. Le sol paraissait encore plus incertain à mesure qu'ils s'approchaient du lac. Comme s'il avait été détruit, par une force de la nature hors du commun. Rien avoir avec les dégats du temps.

Elle ne détachait pas son regard de son but, trébuchant régulièrement. Chaque fois, une douleur à la cheville la lancé, brusquement. Elle ne s'en souciait cependant pas. Bientôt, elle pourrait se reposer, se laisser glisser dans l'eau, boire, nager. Bientôt.

D'où venait la lumière? La question l'effleura bien par moment, mais trop vite chassé par sa joie, par la fatigue, pour qu'elle s'en occupe. Qu'importait? Plus rien n'avait d'importance autre que l'eau, l'eau, la sécurité, le sommeil. Il était indéniable que le remède de Lunis avait fait effet, mais ce n'était guère suffisant. Cela ne valait pas le repos. Ils auraient tout le temps, le jour revenu, de se soucier de la guerre, de leur Guilde et de toutes ses choses vers lesquels ils marchaient.

Après un temps qui lui parut à la fois très long et très cours, elle vit enfin le lac. L'eau était d'un vert sombre, au reflet presque émeraude làù la lumière caressait sa surface paisible. Pas le moindre remous, pas la plus petite onde ne venait le froisser. Il reflétait le lumière, éclairant le sol autour de lui, et révélant un dallage brisé. Cette preuve de la présence d'un peuple ne la toucha pas le moins du monde. Elle s'assit sur les pierres froides et lisses, qui avait du avoir une couleur rouge sombre mais qui était à présent recouvert d'algue, et plongea ses pieds dans l'eau. Par endrois, la peau nue avait été écorché. Le froid de l'eau soulegea la fatigue de ses membres et calma ses chevilles mis à mal. Avec un soupire, elle rejeta la tête en arrière et ferma les yeux. D'un mouvement inconsient, ses doigts carressaient les arabesques brisées du dallage.

Ils s'étaient dirigés sans plus de paroles inutiles en direction du point d'eau. La lumière du jour perçait à travers la sombre voûte rocheuse par le biais d'une étroite ouverture tortueuse. Les relfets ondulés de lumière se réfléchissaient tout autour d'eux, leur offrant un étrange spectacle mouvant dans un silence froid. C'était un lac souterrain d'une taille assez inhabituelle, tout comme ces galleries qui les avaient menés ici, et qui continuaient à s'enfoncer toujours plus loin en profondeur. La fraicheur appasante de l'eau calme n'était pas pour déplaire à Lunis qui transpirait, marchant dans l'effort de cacher la douleur, la brulure des lancements qu'il sentait dans sa jambe. Il prit une grande inspiration et ferma les yeux un instant.

Il se sentait très à l'aise ici. Un habitat familier, mais loin des siens, un endroit parfait. Il déposa négligemment ses affaires qui l'encombraient en un tas sur le côté. Le moindre geste s'ensuivait d'un son se prolongeant tout autour du lac, le silence fragile était aisémment pertrubé. Lunis jeta un regard tout autour. Il n'avait pas rêvé, il y avait bien ici et là, quelques vestiges de civilisation enfouis sous les décombres, la poussière, sous les âges. Il lança quelques regard suspicieux dans les recoins sombres, redoutant l'apparition de quelque forme de vie, intelligente ou non, les observant sans qu'ils ne puissent s'en rendre compte. Ils pouvaient faire des proies faciles, mais les lieux semblaient abandonnés depuis bien longtemps. De toutes façons, il n'avait pas la tête à penser à tout cela, aucun chef de section n'était là pour le réprimer, il était las et endolori.

Sans plus attendre, il s'approcha du bord, et posa un regard songeur sur la sombre surface de l'eau. S'il n'y avait pas eu ce minimum de transparence, on eu dit qu'il s'agissait en fait d'un gigantesque miroir d'ambre. Après un moment d'immobilité, accroupi, à juger de la profondeur, il se releva subitement et enleva sa chemise. Il la jetta négligemment et plongea dans le lac. la fraicheur de l'eau soudaine fut comme un vivifiant sur son corps. Même si le remède improvisé lui avait permit de continuer à marcher, sa douleur n'en était pas pour autant évanouie. Mais là, le fait de se retrouver porté par les flots murmurants du souterrains, tout son corps fut soulagé. Il nageat un peu plus loin en apnée, longeant le fond rocheux. Ses yeux ne pouvant pas lui assurer une bonne vision sous l'eau, il s'approcha un peu plus d'une sombre forme qui reposait sur une étrange mosaique.

Il remonta immédiatement pour reprendre son souffle. C'était bien un squelette qui reposait au dessous de lui en ce moment. Il promena son regard à la surface, et perçut quelques autres formes identiques reposant près elles aussi, de traces de ruines anciennes. Il se redirigea vers le bord lentement. Que s'était-il donc passé ici? Rien n'en était moins mystérieux, et il espèrait que les dépouilles étendues au fond de l'eau n'étaient pas récentes.

Il sortit de l'eau en se hissant avec ses bras. Les cheuveux en bataille, le pantalon tout allourdit de l'eau dont il regorgeait, mais les muscles et les blessures appaisées, il s'étendit par terre, le regard tourné vers la vôute les surplombant.

"Cet endroit ne m'inspire pas confiance. Vous voulez que je monte la garde pendant que vous vous reposez?"

Finit-il par lacher sans grand enthousiasme.

Lunis plongea dans le lac. Reine le regarda disparaitre, crevant la surface paisible de l'eau. Les remous et vaguelettes vinrent éclabousser ses jambes. Elle se serait elle-même volontié laissé glisser mais elle préférait se reposer un instant sur le bord. Sa fatigue était telle qu'elle ne réfléchissait plus aussi facilement qu'à l'habitude, aussi son instinct prenait le relais. Une seule chose lui importait donc: reprendre un maximum de forces le plus rapidement possible.

Ses muscles se relâchaient progressivement et elle se sentait sombrer dans une inquiétante mais douce léthargie. Tout son esprit était embrumé. Elle ferma les yeux avec un soupire. Cependant elle ne s'autorisa pas à se coucher. S'allonger, se serait sombrer réelement dans un sommeil profond. Et cela elle ne le voulait pas, pas encore. Elle préférait attendre d'être certaine de se sentir en sécurité dans un pareil lieu. Car sans le lac, tout lui inspirerait ici méfience ou dégoux.

Le bruit de l'eau la réveilla. Elle posa un regard un peu vague mais de plus en plus perçant alors qu'elle reprenait conscience, sur Lunis. Les cheveux blancs gorgeaient d'eau, il sortit du lac et s'allongea au sol. Elle l'observa un moment alors qu'il prenait la parole, troublant de la voix le silence presque sacré du lieu.

"Cet endroit ne m'inspire pas confiance. Vous voulez que je monte la garde pendant que vous vous reposez?"

Reine ne répondit pas immédiatement. La proposition était tentante. Elle se serait avec joie laisser aller à perdre toute prudence, à laisser un autre se chargé de leur sécurité. Mais ce n'était pas dans ses habitudes. Une telle pensée la mettait mal à l'aise. Elle lui adressa donc un sourire en secouant doucement la tête.

Le lac nous offrira une protection suffisante. Le mieux est de se reposer, sans s'endormir vraiment.

Ce n'était pas vraiment satisfaisant, mais c'était le meilleur compromis que son esprit fatigué avait accepté. Elle regarda de nouveau le lac. Sans aucun doute, l'eau était ici suffisante pour la protéger. D'un autre coté, elle savait ne pas être la seule à avoir une affinité avec un tel élement. Elle soupira.

As-tu vu ou ressenti quelques chose d'étrange dans ces profondeurs?

Le lac nous offrira une protection suffisante. Le mieux est de se reposer, sans s'endormir vraiment.

Lunis était grandement soulagé, même s'il ne le laissait pas paraitre. Il n'aurait pas eu l'énergie nécessaire pour tenir et protéger sa maitresse pendant qu'elle se reposa. Il avait pourtant été forcé à plusieurs reprises d'opérer des tours de garde sous la fatigue, c'était une sorte d'entrainement de lutte contre l'épuisement et le sommeil comme disaient les gars de la caserne. Une véritable corvée.

As-tu vu ou ressenti quelques chose d'étrange dans ces profondeurs?

Lunis se redressa et passa sa main dans ses cheuveux en bataille pour les ordonner quelques peu et y voir quelquechose. Son regard était posé sur la surface calme et silencieuse du lac. Il se sentait de moins en moins à l'aise ici, ce calme ne lui était pas familier, la plupart des galleries souterraines sont généralement rythmée par le son des gouttes d'humidité tombant des parois rocheuses. Dans un si grand espace, ici, pas le moindre son. Et cette eau légèrement opaque ne laissant pas apercevoir le fond s'apparentant à un cimetière.

"Il y a des gens morts. Une étendue de cadavres paisiblement en train de se reposer sous l'eau. Une des explications possible est que les gens de la surface se soient débarrassés des morts... ou de certains vivants... en les jettant au travers de la crevasse."

Il pointa la bouche sinueuse par laquelle arrivait la lumière.

"On avait le même phénomène pas loin de mon village, mais nos guerriers sont allé... dissuader la surface de nous envoyer ses dépouilles."

Il jetta un regard circulaire autour d'eux.

"La deuxième explication que je vois, c'est que quelquechose a tué ces personnes, et il me semble qu'elles vivaient ici. Vous avez du remarquer les quelques traces d'anciens édifices. Après avoir tous été massacrés par quelquechose, leur civilisation est tombée en ruines."

Il souffla un grand coup.

"J'espère en tout cas que ma dernière hypothèse est fausse. Je conseil de rester sur nos gardes quoiqu'il arrive."

Il eut un frisson. Le froid le gagnait petit à petit. Quelle idée stupide de plonger dans ce lac avec les deux tiers de ses vêtements et sans aucun moyen de s'essuyer après. Et puis il n'était pas bien... il était vidé en partie de son énergie, et le fait d'être mouillé, les cheuveux et les vêtements gorgés d'eau, alors que son élément naturel était le feu, ne l'aidait pas à se détendre.

"Il y a des gens morts. Une étendue de cadavres paisiblement en train de se reposer sous l'eau. Une des explications possible est que les gens de la surface se soient débarrassés des morts... ou de certains vivants... en les jettant au travers de la crevasse."

"On avait le même phénomène pas loin de mon village, mais nos guerriers sont allé... dissuader la surface de nous envoyer ses dépouilles."

Reine grimaça. Se débarasser de cadavres en polluant l'eau, ce n'était pas vraiment une idée agréable. Il y avait fort à parier que l'eau en était polluée, et rendait sa consommation délicate. Bien sur, tout dépendait de la nature de chaque système immunitaire. Certains animaux pouvaient sans mal boire de l'eau croupi. Pour sa part elle en préférait une potable.

De plus, apprendre qu'il y est un peuple "barbare" au dessus de leur tête n'était pas une bonne nouvelle. Elle espèrait en tout cas qu'ils ne considèrent pas ces lieux comme les leurs et donc ne les chassent pas en tant qu'intrus. Elle ne se sentait pas la force de combattre une armée nationaliste furieuse.

"La deuxième explication que je vois, c'est que quelquechose a tué ces personnes, et il me semble qu'elles vivaient ici. Vous avez du remarquer les quelques traces d'anciens édifices. Après avoir tous été massacrés par quelquechose, leur civilisation est tombée en ruines."

Reine eut un frisson. Il y avait peu de chance que " quelque chose" se donne le mal de détruire une civilisation pour abandonner le lieu. A moins d'un simple et pur génocide. Ou, plus inquiétant, un autre "quelque chose " l'aurait empêché de s'installer.

"J'espère en tout cas que ma dernière hypothèse est fausse. Je conseil de rester sur nos gardes quoiqu'il arrive."

La fée acquiesça. Elle était curieuse de connaitre la réponse à ces questions. C'était de la folie sans doute mais elle ne supportait pas l'idée de rester sans savoir. Ignorer le danger à affronter était bien plus risquée à son goût. L'imagination de chacun était souvent bien plus fertiles que dame Nature en personne. Seulement c'était de la folie, dans leur état, d'aller observer les environs.

A coté d'elle, elle vit Lunis frissonner. Sans doute l'humidité le gênait-elle. Elle soupira et s'approcha de lui. Elle ne se sentait pas la force de retirer l'eau de ses vêtements.

Peux-tu essayer de faire un feu? On peut prendre ma cape en combustible. Ca réchauffera tes vêtements. Et puis la lumière et la chaleur d'un feu ne nous ferrons pas de mal.

Elle regarda le lac, un peu méfiante soudain. Elle espérait que aucun danger ne viendrait de lui. Car dès lors, elle perdrait l'avantage certain qu'il lui apportait. Combattre un "monstre" aquatique par l'eau et le feu, ce n'était pas gagné d'avance.

On va essayer de se reposer au mieux pendant quelques heures. Mais il faudra ensuite découvrir ce qui a provoquer la chute de cette civilisation et s'il représente encore une menace pour nous. Il serait dangereux de laisser quelque chose roder autour de nous le temps que nous traversons ses lieux.

Peux-tu essayer de faire un feu? On peut prendre ma cape en combustible. Ca réchauffera tes vêtements. Et puis la lumière et la chaleur d'un feu ne nous ferrons pas de mal.

Il n'était pas contre l'idée de faire un feu, loin de là. Seulement, il grimaça légèrement : il ne savait pas si il réussirait à faire du feu, du moins pas du premier coup, et afficher son incompétence le mettait plus que mal à l'aise.
Il saisit la cape qui lui avait été mise à disposition. C'était assez spécial que sa maitresse lui propose de faire un feu avec sa propre cape. Mais c'était ce genre de choses qui lui faisait penser que son chez lui n'était plus dans les profondeurs avec son ancienne "famille". Il se redressa et alla arracher quelques racines qui s'étaient frayé un chemin à travers la paroi tant bien que mal. Il ignorait si elles prendraient feu... de toutes façon la cape servirait justement à les faire prendre.
Il revint se placer près de Reine, disposa la cape et les épaisses racines arrachées par terre, et s'asseya. Il tournait le dos à sa maitresse, pas question d'afficher son manque de maitrise de son élément naturel.

"Normalement les créatures des profondeurs ne sont pas agressives avec l'idée simple de tuer un peuple, d'habitude c'est juste un instinct de survie qui les dirige. Il existe très peu de races intelligentes dans les souterrains. Je sais que par chez moi on dit qu'il n'en existe que deux: Les dragons, et dans ce cas nous avons presque toutes les chances de mourir... Ou bien des sortes de drow-araignées, une espèce d'abominable fusion entre quelqu'un de ma race et une araignée géante."

Pendant que Lunis parlait, celui-ci tendait vigoureusement sa main droite vers ce qui devait devenir leur feu de camp, crispant sa main dans l'espoir de voir jaillir une flamme... jusqu'ici sans succès.

"Maintenant que j'y pense... ce genre de créature laisse des traces... caractéristiques comme... une prison de toile ou... de fortes marques de corrosion provoquées par... leur poison au niveau de la nuque. Elles se.. débrouillent toujours pour tuer furtivement d'une piqûre... à la NUQUE!."

Après avoir tendu frénétiquement son bras en forçant de tous ses muscles, offrant ainsi un discours décousu et saccadé à Reine, il parvint enfin à allumer la cape qui s'embrasa aussitôt. Petit à petit, les racines rougeoyèrent aussi à leur tour. Fier du fruit de ses efforts, il se décala en affichant un sourire pour laisser sa maitresse profiter du feu.

"Et je crois me souvenir que le squelette que j'ai vu semblait avoir les os du cou noircis et rongés, contrairement au reste de l'ossature qui était plutôt verdâtre. Si une telle araignée est encore ici, elle nous a surement déja repèrés et attend juste le bon moment pour venir nous tuer."

*En fait, elles sont surement plusieurs pour avoir bouffé tous ces gens, mais le massacre à l'air d'être assez ancien, avec un peu de chance leur colonie est presque morte, mais il doit surement en rester quelques unes.*

Il préfèra garder ces dernières sombres réflexions loin de lui, et s'efforcer naivement de croire qu'il ne couraient aucun danger.

"Normalement les créatures des profondeurs ne sont pas agressives avec l'idée simple de tuer un peuple, d'habitude c'est juste un instinct de survie qui les dirige. Il existe très peu de races intelligentes dans les souterrains. Je sais que par chez moi on dit qu'il n'en existe que deux: Les dragons, et dans ce cas nous avons presque toutes les chances de mourir... Ou bien des sortes de drow-araignées, une espèce d'abominable fusion entre quelqu'un de ma race et une araignée géante."

Lunis avait prit la cape ainsi que quelques brindilles. Lui tournant le dos il commença à faire un feu, tout en parlant. Reine l'écoutait avec attention. Du fait de son passé il était le plus à même de répondre à la fatidique question du "quel danger?". Or ce dont il lui parlait n'était pas fait pour la rassurer. Elle se souvenait des derniers - et uniques - créatures hybrides qu'elle avait eu à affronter. Essayer de prévoir les attaques d'un animal n'était pas chose aisée. Et si en plus il s'agissait d'une race intelligente...

Elle soupira, essayant de ne pas imaginer quelles créature pouvait naître d'une telle union. Les drows devait avoir une morale bien à eux, ou alors cette drow là devait être moitié folle. Elle secoua la tête avec violence alors que son imagination se montrait trop fertile. Elle était plutôt contente soudain que Lunis lui tourne le dos. Il ne pouvait pas voir sa grimace de dégout et d'angoisse. Elle n'aimait pas penser à des choses si peu naturelles.

Elle se essaya de se reconcentrer sur les paroles de son serviteur, qui était devenu beaucoup plus décousu. Sans doute faire du feu lui demandait plus d'énergie qu'elle ne l'avait espérer. Tous deux étaient vraiment faibles. Ils auraient besoin de temps pour reprendre toute leur force et affronter le danger. Et le temps leur manquerait sans doute.

à la NUQUE!."

Le cri du drow la fit sursauter. Elle n'avait rien entendu, rien compris, plongée dans ses inquiétantes pensées. Si elle avait gardé conscience que son compagnon parlait, mais elle n'avait pas réussi à l'écouter. Avec un soupire lié à son sursaut, elle se concentra pour de bon. Chaque information était précieuse et elle s'en voudrait d'avoir à lui faire répéter. Et il aurait été humiliant d'avoir à parler de son trouble. Elle n'avait pas a redouter son adversaire, quelqu'il soit.

Le feu se mit à crépiter doucement, et elle en conclu que le dernier cri venait de l'effort enfin achevé. Lunis se décala légèrement et c'est avec plaisir qu'elle s'approcha. Le feu, contrairement à ce que sa race laissait supposer, était un élément qu'elle appréciait. Bien sur elle n'avait aucun talent pour le métriser, à part l'eau, son adversaire. Mais le feu réveillait en elle des souvenirs agréable, et elle devait admettre que sa chaleur et lumière avait un petit quelque chose de protecteur.

"Et je crois me souvenir que le squelette que j'ai vu semblait avoir les os du cou noircis et rongés, contrairement au reste de l'ossature qui était plutôt verdâtre. Si une telle araignée est encore ici, elle nous a surement déja repèrés et attend juste le bon moment pour venir nous tuer."

Reine fut pris d'un frisson si violent qu'un goût de bile vint tapissait sa gorge. Aucun des deux n'étaient en état de livrer un combat grandiose. Bien au contraire. Elle se sentait las et fatiguée par le voyage... Avec un nouveau soupire elle se repris. Ils n'avaient de toutes façon pas le choix. Paniquer ne servait à rien. Il faudrait survive, coute que coute, puiser dans leur dernière ressource...

Y a-t-il un moyen de s'en protéger temporairement?

Y a-t-il un moyen de s'en protéger temporairement?
Lunis resta quelques secondes silencieux, sondant son esprit pour y trouver quelques souvenirs à propos de ces créatures.

"On peut espèrer que cette bestiole ne tentera rien tant qu'on sera éveillé et près du feu. Je ne garanti rien... Mais elle sera surement accompagnée de plusieurs araignées de petite taille, comme un cortège. Voir une de ces petites araignées sera un signe de son intention de nous attaquer."

Et de toutes façon, ils finiraient bien par reprendre leur marche, et à ce moment là, les opportunités pour la créature seraient multiples. Le voyage allait être plutôt compliqué, plus compliqué qu'il ne l'aurait cru en prenant ces souterrains. Il ne soupçonnait pas du tout que ces galleries allaient être si grandes, et remplies de cadavres...
Lunis commençait à s'inquièter, son ventre était prit en tenailles par le même sentiment qui lui avait vallut le bannissement de son village. Il s'efforçait de ne rien montrer, et d'afficher un air confiant, mais lutter contre cette sensation était une véritable torture. Il se força à prendre un léger sourire.

"Vous avez peur?"

Il était stupide, pourquoi est-ce qu'il demandait cela? C'était un affront de la part d'un serviteur de demander une chose pareille à son supérieur. Surtout pas en rapport avec la peur, ce qui entraine tout un tas de mécanismes d'infériorité affirmée et de manquement de compétences pour diriger, qui révèle l'infériorité raciale... Mais il avait posé cette question pour se rassurer lui même, voir si ce sentiment était normal, même chez un drow et chez sa maitresse qui manifestement vallait mieux que la plupart des être inférieurs. Pour néanmoins se protéger des représailles, Lunis fixa leur feu de camp sans lever le regard pour éviter de croiser celui de Reine.

Que lui arrivait-il? Sa crainte l'avait fait se renfermer, il se rendait compte maintenant qu'il ne faisait plus du tout attention à ce qui les entourait. Il ne fallait surtout pas manquer d'attention, la créature arachnéenne était peut-être non loin d'eux et n'attendait qu'un relâchement de vigilance. Elle pouvait surgir d'une faille dans la paroi, ou leur tomber dessus par la voûte, ou encore les faire subitement prisonniers de sa toile, sans compter sur les multiples araignées de taille normales qui pouvaient la suivre, plus difficile à remarquer, mais au poison surement mortel lui aussi.

"On peut espèrer que cette bestiole ne tentera rien tant qu'on sera éveillé et près du feu. Je ne garanti rien... Mais elle sera surement accompagnée de plusieurs araignées de petite taille, comme un cortège. Voir une de ces petites araignées sera un signe de son intention de nous attaquer."

Reine ne put retenir une moue de dégout. Elle n'éprouvait ni peur ni affection pour les araignées en général. Elle en avait souvent vu dans les cachots où elle devait s'entrainer. Ce n'était que des animaux solitaires, relativement rusé, qui passait leur temps sur une toile coulante et plus ou moins visible. Combien de fois, épuisée, ne faisant pas attention, s'était-elle emmêlée dans l'une d'elle? Pourtant, si ce n'était pas agréable pour elle, elle ne pouvait s'empêcher d'éprouver une compassion mêler de mépris pour les propriétaire de la toile. Tant d'heure de travail pour rien.

Mais celles qui se tenaient tapis dans l'ombre devait produire des toiles immense. Et il y avait peu de chance pour qu'elle les déchire si facilement par inadvertance. Cette fois elle se trouvait dans la position des insectes misérable qui se faisaient prendre au piège et qu'elle avait si souvent observer tout au long de leur agonie avec un curiosité un brin malsaine.

Instinctivement elle se rapprocha du feu. Un noeud lui nouer le ventre. Etait-ce la peur? Ou la rage? Les deux sans doute. Comment une fée et un drow, tous deux habituer aux errances et aux combats pourraient mourir face à des erreurs de la nature comme des araignées géantes, accouplait d'une bipède stupide et mentalement, moralement et sexuellement dérangée? Il était hors de question que leur chemin s'arrête là. Elles n'aimaient pas le feu? Ils avaient du feu. Et puis... Une araignée savait-elle nager? Si non, alors ils avaient en plus le lac à leur disposition. Et puis même si elle avait cette capacité, Reine avait la Magie. Et la Magie ne pouvait pas être plus faible qu'un hybride stupide.

"Vous avez peur?"

Elle lança un regard en coin à son serviteur. Il s'était bricoler un sourire. Mais, sans doute prenant conscience de l'irrespect de sa remarque, il fixa le feu, sans la regarder. Elle hésita à répondre. Avait-elle peur? Oui sans doute. Et comme chaque fois que la peur se montrait, elle venait accompagner d'une rage innommable. Rage qui l'aurait sans doute pousser à attaquer celui qui lui portait offense. Seulement ce n'était pas le moment de se battre entre eux. Ils devaient rester sur leur garde. Elle observa elle aussi le feu, essayant de se calmer. Il fallait être prudent. Raisonnable. Contrairement aux insectes, ils avaient un intelligence, une expérience et surtout une connaissance que les araignées ne pouvaient supposer.

*Oui. Mais n'était-ce pas aussi ce que devaient penser ceux qui dorment depuis dans le lac? *

Reine frissonna.

Oui.

Elle avait répondu en un souffle fragile. Pourtant le son de sa voix la rassura un peu. Elle répéta un peu plus fort, mu par la rage.

Oui.

Elle éclata d'un rire mauvais qui déchira le silence, comme un défis lancé aux créatures à huit pattes qui devaient les observer dans les ténèbres. Ou en tout cas elle les imaginait parfaitement. Son rire se répercuta sur les parois. Etait-elle folle? Elle s'étonnait elle-même. Mais parler et rire faisait du bien. Et être là à trembler devant des araignées- des araignée! Animaux stupides à huit pattes! - c'était malgré tout risible.

J'ai peur tant que je ne les vois pas.

Elle s'était calmé. Elle parlait d'une voix calme, posée, sans pour autant chuchoter. Mettre des mots sur ce qu'elle ressentait permettait de prendre ces distances. Sa jambe, sortant nue de sa robe, la chatouillait un peu, sans que la sensation soir désagréable ou gênante.

Mais dès qu'elles seront là nous leur feront payer au centuple la peur qu'elles ont provoqué.

Le chatouillement monté presque jusqu'au genou. D'un geste vif mais sans agacement elle chassa la petite bestiole poilu. elle s'immobilisa soudain et baissa les yeux vers la forme noir minuscule. Et se releva d'un bond. Une araignée. Elle retint un cri et l'écrasa sèchement du talon. Son coeur battait si violemment que la tête lui tournait. Elle resta debout, scrutant les ténèbres. Une éclaireuse? Ou le début de l'attaque? Elle se rapprocha du feu. La fatigue avait disparut, chassé par la peur, la rage, l'adréaline.

» A huis clos